Vous connaissez certainement cette célèbre petite phrase, prononcée en 2009 par un publicitaire de renommée mondiale :

Si à 50 ans, on a pas de Rolex, c’est qu’on a raté sa vie“. Cette phrase qui a fait tant de bruit à l’époque, et dont son auteur reconnait aujourd’hui qu’elle “était la plus grande connerie de sa vie”, reste marquée dans l’esprit collectif de toute une génération.

Atteignant l’age canonique de 50 ans, et pratiquant régulièrement la course à pied y compris en compétitions  (10K, Paris Versailles, 20K, Semis, Trails Urbains ou pas), mon esprit ayant de nombreuses occasions de vagabonder, notamment pendant mes sorties runnings, je me suis laissé allé à adapter cette célèbre phrase à ma condition de runner :

si tu aimes le running et qu’à 50 ans, tu n’as pas couru de marathon, change de sport

Cette citation qui n’engage que son auteur, m’a conduit à prendre une décision qui s’apparente à s’y méprendre à celle relatée dans la bande dessinée de Sébastien Samson, même si pour ce qui concerne cet auteur, il s’agissait d’un pari tenu lors d’une soirée arrosée. Ouvrage que je vous recommande vivement car pour celui qui court son premier marathon, tout y est parfaitement décrit et avec humour).

Ainsi vous l’avez compris, mon premier Marathon s’apparent plus à une démarche impulsive, au lendemain de mes 50 ans, qu’à la démarche d’un runner anticipant sa préparation à son premier Marathon, préparation qui nécessite plusieurs semaines d’un entrainement et d’une hygiène de vie bien spécifiques.

Je fais partie d’un club de running au sein de l’entreprise dans laquelle je travaille. Depuis quelques années déjà, certains d’entre-nous courent le Marathon, à Paris, mais aussi d’autres Marathons, en province ou à l’étranger. Il se trouve que devant l’insistance d’un running partner de l’équipe aud_rey_rr (c’est son compte instagram), je me suis laissé entraîné dans cette folie de faire un marathon un mois avant la date fatidique du départ, avenue des Champs-Elysées. Et pour être plus précis, au lendemain du semi marathon de Paris qui se tenait précisément 4 semaines avant le grand départ et avec qui j’avais couru cette course.

J’ai pu récupérer un dossard, car bien entendu les inscriptions étaient closes, valider mon inscription à mon nom, et me voilà devant le mur, pas celui des 30K dont j’ignorai encore l’existence, mais bien celui qui se dressait devant moi à l’idée de courir un marathon en ne bénéficiant que de 4 semaines de préparation, avec bien entendu, l’envie, le désir d’aller au bout.

Erreur, quand on débute trop tardivement une préparation marathon, il n’est pas possible de rattraper le temps perdu et effectuer une sortie longue de 2h40, 15 jours avant sans avoir travaillé le foncier, et bien on le paye pendant le marathon.

Alors au delà des crampes qui surviennent pour la première fois de ma vie en course au 18ème K (c’est un peu tôt je ne le vous cache pas) et après m’être résigné à alterner la marche et la course et laisser partir ma running partner, c’est bien le mental qui a fait la différence pour me permettre seul, pendant 24 kilomètres, d’aller au bout de mon premier marathon, malgré les 27 degrés parisien de ce 08 avril 2017. Et pour le mental, là, pas de problème, en titane renforcé garantie à vie, ce qui m’a permis d’aller au bout !

J’ai fait la connaissance sur les trois derniers kilomètres d’un hispano-américain, Alejandro,  absolument incroyable, senior comme moi mais sans doute plus proche des 60 que des 50 ans, très ému lorsque nous sommes arrivés place Dauphine alors qu’il avait été étudiant justement à Dauphine quant il était plus jeune.

Nous avons franchi la ligne ensemble et sommes tombés dans les bras l’un de l’autre.

La sensation au moment de franchir cette fameuse ligne d’arrivée d’un marathon n’est pas comparable à celles que j’ai pu vivre lors de toutes les courses que j’ai pu faire jusqu’à présent. C’est à la fois un sentiment mêlé de joie, d’achèvement, mais c’est aussi une émotion si intense, qui vient du plus profond de soi, la où le mental puise l’énergie nécessaire pour aller au bout du rêve que cette sensation est difficilement descriptible.

Au total un temps dont évidemment je ne peut me satisfaire en termes de performances, 05h34, c’est bien long même si ce jour là, avec la chaleur, j’étais loin d’être le dernier. Mais ce chrono pour moi est synonyme de persévérance et de pugnacité. Never give up comme disent les sportifs anglo-saxon

Et pour finir sur une petite note d’humour, quelques jours après, lorsque nous nous sommes retrouvés avec les runners du club de mon entreprise, lors de nos fameux fractionnés du mercredi, l’un d’entre eux ThePhenix92 (c’est son compte twitter) , runner très brillant, qui court un marathon en sub3, s’est un peu foutu de moi à l’annonce de mon temps. Alors je lui ai juste rappelé qu’il n’avait sans doute jamais couru plus de 05h30, comme moi, et que par conséquent, on discuterait chrono lorsqu’il aurait-  à minima – égalé cette durée de course. Trois semaines après, sans en avoir parlé à personne, il achevait un 100K et devenait centbornard. Et maintenant c’est lui qui a couru plus longtemps que moi… Mais l’histoire ne s’arrêtera sans doute pas là.